Personnellement, à 27 ans, je ne me suis encore jamais fait contrôler. Comment l'expliquer, alors qu'on n'entend parler que de l'exaspération de personnes, citoyennes comme moi, à qui ça arrive quotidiennement?
- D'accord je suis rarement pris en flagrant délit de quoi que ce soit. Mais je ne suis pas le seul.
- Evidemment, puisque je me déplace rarement en bande à cagoule, je ne donne pas l'air d'être une menace ambulante. D'autres ne le sont pas plus, et pourtant.
- Oui, j'avoue vivre et évoluer dans des quartiers qui ne sont pas en permanence au bord de l'émeute. Ca n'empêche pas que je vois fréquemment des personnes contrôlées en bas de chez moi.
- ...à moins que, tout bêtement, j'aie une tête de français bien de chez nous...
Mais quel but remplit-elle au juste cette carte d'identité? A prouver que l'on existe? Que c'est bien nous qui sommes là où on nous a arrêté?
Si je m'apprête à faire une connerie et que j'ai un risque de passer par la case commissariat, je pense que la première chose que j'oublierais chez moi, c'est bien cette carte. A moins que la stratégie gagnante soit de l'avoir pour pouvoir la présenter en cas de contrôle impromptu et éviter de faire porter des soupçons sur soi. Alors, où est l'utilité de cette fichue carte là-dedans?
Je propose de rendre facultatifs la possession et le port d'un document national d'identité.
Si demain cette carte n'existait plus, les contrôles que l'on suspecte aujourd'hui de ne pas être suffisamment aléatoires, pffft envolés. Envolé aussi un fort soupçon d'une représentation de l'Etat à jauger les gens à leur tête, à la couleur de leur peau.
Conséquences "négatives" :
- on ne pourrait plus contrôler les personnes illégalement sur le territoire. Ils seraient 500 000 clandestins environ, soit moins de une personne pour mille. C'est dire si le contrôle aléatoire est efficace pour leur mettre le grappin dessus.
- on ne pourrait plus non plus tomber, "par hasard", sur un délinquant qui aurait oublié de passer devant M. le juge, ou aurait un casier judiciaire.
- on ne pourrait plus identifier en moins de deux un suspect ou mieux, un coupable pris sur le fait. Sur la seule foi, d'ailleurs, d'un document de 10 cm sur 5.
- il faudrait repenser notre façon de nous authentifier auprès de la banque, du bureau de vote, ...
On cesserait ainsi une certaine forme de victimisation. On éviterait d'ôter de la dignité, au hasard, au coin de la rue.
D'autres formes de racisme latent, inconscient, continueraient probablement d'exercer leur influence. Mais au moins aurait-on accepté l'idée que le retrait d'une petite part de contrôle des pouvoirs publics sur les citoyens serve un but d'équité. Equité qui au final et sur le long terme serait beaucoup plus profitable à la société car elle engendrerait un nouvel espace de liberté commune et éliminerait une forme de discrimination abusive.
C'est tout pour aujourd'hui...
...évidemment on va dire que je frappe fort pour le hors d'oeuvre...